dimanche 15 mars 2009

Message #09

Bonjour à tous, 

Peu de billets bien qu'ici et là on m'a fait comprendre (ou m'ait fait comprendre ? Un grammairien pourrait-il m'éclairer ?) les attendre. Le problème, c'est que je ne suis pas aussi prolixe qu'un Maître Eolas, ou même aussi inspiré, pour l'écriture. Pour autant, mes expériences se poursuivent et j'aurais tant à raconter, comme les festivités qui ont marqué le nouvel an chinois. 

J'avais dit que le nouvel an (grégorien) n'était que relativement peu fêté mais que le nouvel an chinois devait l'être avec plus de faste. C'est assez vrai : l'atmosphère de fête dure pendant plusieurs semaines. Elles commencent une semaine avant le jour J puis se poursuivent toute la semaine après. La guerre est effectivement déclarée par des pétards, tout le temps, et surtout la nuit. De fait, pendant ces quelques jours, j'ai quand même été plutôt chanceux car ma famille chinoise se retrouve dans un quartier très éloigné du centre-ville et très calme (D'aucun diront : mort). Cela dit, quand les explosions commencent, c'est vraiment très spécial. On se croirait en pleine guerre et je plains les habitants de Gaza : comment dormir dans ces conditions ? Les détonations sont vraiment très fortes et en continu. Chacun y va de son petit feu d'artifice ou de sa ceinture de pétards qui vont tous sauter les uns après les autres. Dans les jardins, dans les rues, sur les trottoirs. Ça devient même dangereux à mon avis car un éclat est si vite arrivé. On sent constamment dans les rues la fumée des explosions. 
Pour la petite histoire, ces explosions continues sont là pour éloigner un méchant monstre, un dragon je crois. La légende raconte qu'il y a très longtemps un monstre descendu de la montagne sema la terreur parmi la population mais qu'il fut effrayé par les explosions. Alors, à partir de ce jour, les Chinois firent exploser leurs pétards chaque nouvelle année pour éloigner le monstre. Et que s'appelerio Quezac.

Pendant cette période, on mange beaucoup d'une espèce de ravioli cuit à la vapeur. À l'origine, je ne trouvais pas cela désagréable, mais j'en ai tellement mangé que leur simple vue me donne la nausée. La nourriture chinoise d'une manière générale finit toujours par gaver au bout d'un moment. Je n'aurai jamais cru dire cela un jour, mais McDonald's est devenu un de mes amis. Un peu de nourriture poubelle parfois n'est pas pour me déplaire. Retrouvons les mauvaises habitudes occidentales. 
La semaine de festivité qui suit est également l'occasion de vacances pour beaucoup de Chinois. Traditionnellement, ils retournent dans leur ville natale pour voir la famille et ce genre de choses. Ma famille chinoise m'a donc emmené faire visiter la province du Shandong où se trouve Qingdao. Cela m'a permis de voir la Chine de l'intérieur, avec des belles choses et aussi des souvenirs un peu écoeurant. On voit bien que ce n'est pas la même culture ! Je me suis rendu dans des restaurants où ne vont que les locaux. La nourriture est bonne mais... 
Commençons par le début. Il s'agit d'un restaurant de barbecue. Sur votre table, on vous apporte un brasero pour votre viande. La table est très basse, et votre tabouret encore plus petit. Les murs de ce restaurant était d'un blanc sale et le sol, très noir. J'ai vite compris pourquoi : les Chinois jettent tout par terre. Quand vous mangez votre grillade, vous recracher les os par terre. Quand il s'agit parfois de fruits de mer grillés, vous jetez aussi les arrêtes ou les carapaces par terre. Votre serviette usagée ? Par terre. J'avais deux tasses : une pour le thé, une pour la bière. Un des amis veut me servir de la bierre mais se trompe et en met dans mon thé. S'apercevant de l'erreur, il prend ma tasse et la vide à mes pieds sans autre forme de procès. 
Au début, c'est très troublant, et puis après quelques minutes, on oublie d'être discret et on recrache ses petits os par terre, comme tout le monde. Si vous voulez cracher tout court, vous gênez pas, vous pouvez le faire aussi. Même si vous mangez. 

Car ça aussi c'est un truc auquel j'ai dû m'habituer en Chine : les crachats. Tout le monde crache dans la rue. Hommes, femmes, tous oublient la noble dignité que l'homme blanc était venu leur inculquer pour les mener vers le progrès occidental. Au début, c'est très désagréable. Au bout de quelques semaines, vous n'y prêtez plus attention. Pour passer le temps, vous pouvez même chercher à suivre le cheminement à l'oreille du glaviot qui s'apprête à sortir : encore dans la trachée, on racle bien tout ce qu'il y a à racler, puis en formation finale dans la bouche avant de passer les lèvres. S'il n'y a pas trop de bruit dans la rue à ce moment là, vous pouvez aussi écouter le bruit qu'il fait en tombant sur le sol et tâcher d'en trouver la composition grâce à cette précieuse information. Si vous attendez votre bus (bondé, rappelez-vous) et que vous n'avez rien d'autres à faire à part écouter les Grosses Têtes podcasté sur votre MP3 qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un Ipod mais que vous n'avez payé que 15 Euros en Chine, vous pouvez même garder la tête baissée et regarder le trottoir pour discerner les différentes couleurs du glaviot, qui va du blanc au jaune-orangé, voire marron. Parfois vert mais c'est très rare et ça nous donne le droit de faire un voeu. 

Pour rester dans le trash (De toute manière, il n'y a que ça qui intéresse les gens de nos jours et je suis bien obligé d'occuper ce créneau si je veux garder mes lecteurs), il y a aussi les toilettes publics. Revenons dans ce restaurant du quartier populaire que je décrivais. À force de boire de la bière, je suis pris d'une légitime envie d'évacuer ce liquide qui s'accumule un peu trop quelque part, vers mon bas-ventre. Vous le savez, la proportion est universelle entre la France et le Canada : vous buvez une bière, vous en pissez trois, et Lavoisier avait donc tord (Le trash n'interdit pas l'humour intellectuel. Et si vous n'êtes pas capable de comprendre ma blague, sachez que vous faites parti d'un de ces "amis" que je ne peux m'empêcher de mépriser)(Mais rassurez-vous, ça ne m'empêchera pas de dîner avec vous un de ces jours en vous persuadant que ce que vous êtes en train de me raconter m'intéresse). 
Je demande donc où je peux trouver des toilettes. Le restaurant n'en comptait pas, car à deux pas se trouvait des toilettes publics, un petit bâtiment rectangulaire. Je ne peux repenser aux grandes heures du communisme ou tout, absolument tout, était mis en commun. Ledit bâtiment doit probablement dater de cette époque ; je prends donc la direction dudit bâtiment pour entrer dans icelui. 
À peine eus-je passé la porte que je me retrouve nez-à-nez avec un Chinois accroupi au-dessus d'un trou en train d'assouvir un besoin encore plus important que le mien. Dissimulant la surprise (ce qui se traduisit par un léger haussement de sourcil) grâce à un entraînement acquis à force de dîners mondains, je regardai autour de moi pour détailler l'endroit. D'un côté, l'emplacement pour les gros besoins : une allée de trous alignés, séparés simplement par des murets de moins d'un mètre, et aucune porte nulle part. De l'autre, l'emplacement pour les petits besoins pressants comme le mien : juste le mur du bâtiment. Vous vous oubliez, ça ruisselle dans la rigole et ça s'évacue grâce à une légère inclinaison de la rigole, comme quoi tout est pensé. La dizaine d'emplacements pour les gros besoins étaient tous pris, comptant donc autant de Chinois accroupis au-dessus du trou se délestant sans autre forme de procès de leurs selles. 

Entre les "gnnn" poussifs et les "ploc" abrupts, je n'ai pas réussi à satisfaire mon besoin. Désolé, mais j'ai besoin d'une certaine concentration et je n'y suis pas parvenu dans un tel lieu. 

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