dimanche 4 janvier 2009

Message #03

Bien. Abordons un peu les raisons de ma présence en Chine ainsi que la famille avec qui je vis pour contenter les quelques curieux qui se sont adressés à nous.

Tout d'abord, il faut savoir un premier truc avec moi : ça va faire deux ans et demi, bientôt trois dans deux mois, que je m'emmerde continuellement. Je trouve ma vie fade et sans goût. Du coup, je ne tiens pas en place. Il faut que je parte régulièrement, que je laisse tout derrière moi et que j'aille voir un peu si l'herbe est plus verte ailleurs. C'est pour cela que je suis parti de Paris et que je me suis établi à Montréal. Et puis différentes choses ont fait que je tenais à partir une nouvelle fois. J'avais choisi cette fois le Japon ou la Chine, selon les opportunités qui s'offriraient à moi.
Je mène des études formidables, et comme je suis très intelligent (n'est-ce pas ?), j'ai justement eu l'occasion de mettre les bouts une nouvelle fois. Je rappelle pour ceux qui ne me connaîtraient que de loin que j'essaye de terminer une maîtrise de science politique, plus orientée sur la politique internationale et comparée. Après la rencontre de deux-trois professeurs très intéressants et décisifs dans mon parcours, je me suis spécialisé dans les relations sino-japonaises.
Or, vous pouvez lire tous les bouquins que vous voulez, être capable de blablater pendant une heure sur le fonctionnement du PCC ou les motivations chinoises pour agir tel qu'ils agissent envers Tokyo, si vous n'avez jamais mis un pied dans un pays ou dans l'autre, vous ne connaissez au final pas grand chose ! La vraie vie quotidienne des Chinois ou des Japonais, ce qu'ils peuvent penser l'un de l'autre quand on les interroge, c'est difficilement accessible par les livres.
Or, il existe en Chine une entreprise qui fait office de "courtier de stage". Vous lui donnez votre CV et une lettre de motivation et ils regardent dans leur réseau s'ils n'ont pas une entreprise intéressée par la possibilité d'exploiter d'engager un stagiaire. L'entreprise que j'ai contactée, en plus de me trouver le stage, vient me chercher à l'aéroport et me trouve la famille.

Concernant le stage, il est à priori sans rapport avec mes études. Mais quand on est intelligent, on trouve toujours des points à analyser avec les lunettes d'un étudiant de science politique. Je travaille dans une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables et principalement solaire. Mon titre officiel, c'est "Assistant-Directeur de Secteur". Ça pète, non ? La société est surtout axée sur le photovoltaïque et les chauffe-eau solaires. Mais nous sommes des fabricants, ce qui signifie que l'on traite uniquement avec les distributeurs et autres grands comptes capables d'acheter par containers entiers. Je fais diverses tâches, comme traduire le site de la société en français, assister le directeur dans son travail et gérer moi-même les relations avec certains de nos clients...
Le simple fait que ce soit en Chine est d'un grand intérêt pour moi. Une entreprise privée alors que la majeure partie des étudiants de science politique partent dans le public a également plu au département de l'Université de Montréal. Ensuite, il y a divers intérêts à faire un stage dans une entreprise étrangère (elle est espagnole) installée en Chine. Mon rapport de stage pourrait porter sur les raisons qui ont poussé la compagnie à s'installer en Chine, et spécifiquement à Qingdao (Certes, on pense au coût de la main d'oeuvre, mais est-ce le seul avantage ? Sans parler qu'il s'agit d'une main d'oeuvre qualifiée. Est-ce que le gouvernement chinois ou provincial a cherché à attirer des investisseurs ? Comment ?) ou sur la corruption (Ne soyons pas naïf : une entreprise étrangère qui s'installe en Chine et qui obtient toutes les autorisations sans que quelque part il y ait eu une "petite" fuite ?)

Concernant la famille chinoise qui m'héberge maintenant. C'est un couple plutôt jeune ayant un chiard une fille de neuf ans. Moi qui ai beaucoup de mal avec les enfants (Ça crie, ça pleure, ça chie, ça pue, ça mange, ça dort jamais), sauf ma petite soeur (Toute façon, toutes des salopes sauf maman, bien sûr), je dois avouer que celle-ci est très agréable. La mère travaille dans une entreprise d'import-export et part tous les matins pour revenir le soir. Le père travaille dans une université en tant que "lecteur" mais ne semble guère être occupé, puisque je le vois souvent à la maison. Cela dit, il s'occupe de la fille. Le quotidien d'une jeune fille chinoise qui va à l'école est beaucoup plus difficile, à mon avis, que celui des enfants français. L'école commence dès 7h30 pour se terminer passé 16h, mais il y a ensuite tous les soirs au moins deux heures de devoir. Je ne me rappelle pas que mes devoirs quotidiens me prenaient tant de temps.
La famille possède deux voitures, un pot de yaourt vert fluo (les adultes chinois ont des côtés très enfantins, en achetant "Hello Kitty" par exemple) et un 4x4 à la couleur indéfinissable.
Dans cette famille, c'est l'homme qui cuisine. C'est l'occasion d'aborder la cuisine chinoise. Qingdao étant une ville de bord de mer, les fruits de mer ont une part importante. Le problème est que je n'aime pas ça, mais que je ne sais pas dire non en chinois. Et que je ne veux pas les offenser non plus. Mais du coup, je me suis retrouvé à manger des poissons entiers, des coquillages, des crabes, entiers également. Bon, je n'aime pas ça, mais je me force et puis après tout, je sais que c'est bon pour ma santé. Évidemment, la gastronomie locale ne saurait se passer de riz et de nouilles. Parmi les viandes, il y a du poulet et du porc principalement. Pour les choses vraiment exotiques, j'ai eu l'occasion de manger des vers (gros modèle, genre ver à soie, pas ver de terre) et ce que j'estime être des grillons. Les vers, je n'aime pas. Il y a un petit goût qui ne me revient pas. Concernant les grillons, c'est pas désagréable mais il faut bien mâcher, sinon, vous sentez leurs petites pattes vous gratter la gorge et ce n'est pas spécialement agréable.



































Pour rester dans le dégueulasse, mon patron a mangé des scorpions lundi dernier.

Cela étant, je rappellerai aux écoeurés que la France est connue pour ses escargots et ses cuisses de grenouilles (Je n'aime pas les escargots, mais les cuisses de grenouilles ne sont pas désagréables).

J'ai pris quelques photographies avec mon portable pour vous montrer à quoi peut ressembler une table chinoise. On n'a pas une assiette à soi. En général, on dispose plusieurs plats au centre de la table et on pioche avec ses baguettes un peu partout. On dispose par contre d'un bol de riz bien à soi. En passant, il va de soit que je ne me sers plus que de baguettes dorénavant pour manger. Une petite habitude à prendre que j'avais déjà acquise dans un restaurant japonais très bon et pas cher proche de la Sorbonne que je recommande aux Parisiens en passant (Kyotori, rue M. le Prince). Cela me fait même bizarre dorénavant quand d'aventure j'ai à me servir d'une fourchette. 
















3 commentaires:

  1. Encore une bien bel article qui nous fait voyager à peu de frais :)

    Il ne te reste plus beaucoup de sujets à traiter: l'éducation des enfants, le temps libre des chinois, les vêtements, ils boivent quoi, leur vision des autres civilisations, l'impact des JO, les voitures japonaises en chine, la religion, et pour finir et faire plaisir à Dob: la popularité d'alain Bernard !! ;)

    Et puis, j'y pense en te lisant... et la censure au fait ?

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  2. Le scorpion se mange ? Première nouvelle...!

    Et sinon, est-il vrai que l'on peut aussi trouver du chat ou du chien comestibles ? Il parait que c'est très bon! A suivre...

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