samedi 24 janvier 2009

Message #07

Allez, poursuivons un peu le périple chinois en indiquant pour certains que malheureusement, Alain Bernard n'est pas populaire ici. Dans le domaine des sportifs que l'on voit partout, c'est Yao Ming qui remporte la palme. Ce joueur de basket évoluant en NBA et qui mesure 2,27m sans les talonnettes est une véritable icône vivante et un modèle de réussite. Je ne sais plus si je l'avais évoqué, mais c'est le basket qui passionne les Chinois.

Concernant les voitures japonaises... On en trouve, tous comme les produits japonais. C'est là le paradoxe de la Chine. Je ne vais pas aller jusqu'à dire que les produits japonais sont omniprésents, mais je pense qu'ils se taillent une bonne place dans le panier d'achat de la ménagère de moins de cinquante ans. Et pourtant, le Chinois n'est jamais aussi teigneux que quand on lui parle du Japonais (ou de Sarkozy. J'y reviendrai en évoquant succinctement le Tibet). Avec leur autorisation, je pose parfois quelques questions aux Chinois qui m'entourent : au travail, dans la famille où j'habite, aux eÿmis que je me suis fait, etc. Et je n'en ai vu aucun qui se montre gentil avec le Japon. Tous évoquent le passé difficile et la guerre qui a fait des millions de morts.
Il faut bien comprendre que, contrairement à l'Allemagne, le Japon n'a jamais fait d'excuses officielles à la Chine pour la seconde guerre mondiale et que Tokyo prend régulièrement la voie du révisionnisme. Forcément, ça ne facilite pas les relations. Une collègue pense fermement qu'un jour, le Japon se lancera de nouveau dans une expansion territoriale, à l'encontre de la Chine, bien sûr. Une autre personne me racontait cette histoire qui se passerait selon elle dans les écoles japonaises : on montre aux enfants deux pommes, une petite et une grosse, en leur demandant laquelle ils préfèrent. Naturellement, ils répondent qu'ils préfèrent la grosse. Le professeur leur dit alors que la petite a poussé ici, au Japon, et la grosse en Chine. Et que si l'on veut des grosses pommes... vous avez compris le raisonnement.
Donc pour résumer tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, je dirai que le comportement des Chinois envers les Japonais va d'un mépris et d'un certain ressentiment dans le meilleur des cas jusqu'à être convaincu que tôt ou tard, la Chine se soulèvera une nouvelle fois à la vue des Nippons qui débarqueront.

Restons un peu sur les sujets sensibles en évoquant le Tibet et Taiwan. Quand ils l'évoquent d'eux-même, ils disent spontanément "Taiwan province". Si je l'évoque en parlant de l'État de Taiwan, ils me corrigent immédiatement avec un petit sourire et précise que Taiwan est une province. J'ai demandé il y a quelques jours à un ami ce qu'il penserait si les Taïwanais eux-même se prononçaient pour une indépendance formelle, dans le cadre d'un référendum. Il semblait plus ou moins gêné, mais il finit par me dire que les Taïwanais ne pourraient pas faire cela, qu'ils sont Chinois, et que c'est quelque chose qu'on ne peut pas renier.
L'intégrité du pays est très importante. C'est pourquoi évidemment le Tibet ne saurait devenir indépendant. De ce point de vue là, tous les Chinois que j'ai pu rencontrer n'apprécient pas Sarkozy. L'un m'a dit que "ce n'était pas un homme sage", un autre que "Chirac était un ami de la Chine, mais pas Sarkozy". Pour ma part, je leur explique que de mon point de vue, Sarkozy s'en tamponne le coquillard du Tibet et des Droits de l'Homme (ouais, je sais ce qu'a dit le candidat, mais je sais ce qu'a fait le Président) mais que pour des raisons de politique intérieure, il pouvait difficilement échapper à une rencontre avec le Dalaï-Lama. Et quand je leur explique que les Français aiment beaucoup le Dalaï-Lama, j'ai droit aux mêmes visages surpris, et à la même question : "Pourquoi ?".
Les Chinois ne voient pas un vieil homme seul qui ne fait que lancer des appels à la paix et qui affronte un pays surpuissant avec une armée taille XXXL, ils voient un homme qui cherche à détruire le pays. En ce sens, ils n'acceptent pas que Sarkozy ait rencontré le Dalaï-Lama. Seul un Chinois apprécia cela. Il m'a dit que si le Tibet s'est révolté, c'est peut-être parce que le Gouvernement central a mal fait quelque chose. Par conséquent, la rencontre de Sarkozy peut faire pression sur le gouvernement pour qu'il améliore sa politique envers le Tibet. Alors les Tibétains n'auront plus de raison de se plaindre et ils resteront Chinois. Notez bien que même dans cet avis nuancé, il n'est nulle question d'indépendance tibétaine. Point que n'a d'ailleurs jamais revendiqué le Dalaï-Lama à ma connaissance, bien que les Chinois en soient persuadés (tout comme bon nombre d'étrangers qui se montrent en fin de compte plus Royalistes que le Roi).

Et la censure, me direz-vous ? Et bien la censure, ce n'est plus comme lors de la première guerre mondiale où l'on pouvait voir des encadrés blancs dans les journaux parce qu'un officier politique avait demandé à ce que cette nouvelle ne soit pas diffusée. En conséquence de quoi il m'est difficile de me prononcer sur la censure chinoise au niveau de l'actualité puisque je ne suis pas censé m'en rendre compte. De toute manière, ne lisant pas le chinois, je ne peux pas comparer les nouvelles des sites d'informations d'ici à ceux du monde.fr.
En revanche, là où je note certaines preuves de censure, c'est sur Internet. De nombreux sites sont inaccessibles. Ils ne sont pas nécessairement "dangereux", certains sites que je consultais depuis le Canada n'avaient strictement aucun rapport avec la politique ou avec certains sujets sensibles. Mais je suppose que le filtre chinois doit être assez sensible. Cependant, en passant par des proxys, on finit toujours par accéder à ce que l'on veut. Quand vous tombez sur un site censuré, vous avez une pleine page de chinois avec plein de liens, je ne sais pas ce que c'est exactement. Ou bien on vous dit que vous n'êtes plus connecté à Internet. Cela me fait surtout cela sur certaines vidéos de Youtube (Je voulais regarder une vidéo de Qingdao le jour de manifestations antifrançaises devant le Carrefour de la ville). J'en profite pour préciser que les Chinois adorent la France et Paris, une ville qu'ils considèrent comme étant très romantique (ahah... les fols.) et qu'ils aiment vraiment les Français. La rupture est uniquement politique.

Voilà qui devrait répondre aux questions que l'on nous posa. Prochain article consacré à la pauvreté que je constate.

2 commentaires:

  1. Cool, continue ! je suis drogué à l'eau chaude :)

    RépondreSupprimer
  2. Et cette info ? Ils doivent être pas mal fâché non ?

    http://www.lefigaro.fr/international/2009/02/03/01003-20090203ARTFIG00321-la-chine-fort-mecontente-.php

    RépondreSupprimer